J’ai porté des
masques en multitude pour savoir la vie, tout entière.
J’ai porté
les rôles sur les planches, souvent homme et parfois femme.
J’ai joué
mal les mots des autres.
J’ai volé
les masques car derrière je voulais l’authentique.
J’ai porté
un masque sur les chantiers. L’amiante, ça tue, tu sais.
J’ai porté
un masque de papier pour aller boucher une centrale nucléaire.
J’ai porté
un masque à plumes et joué avec l’obscure.
J’ai mon
masque. Venise. Richesse. Rituel.
J’ai porté
un masque pour sauver la ville et arrêter les méchants.
J’ai porté
un masque, Fantômette des étés de bibliothèque rose.
J’ai porté
un masque de grossesse. Enfants mangeurs de temps.
J’ai porté
un masque noir dans un van noir avec des vitres teintées noires.
J’ai porté
un masque dans la vallée des rois, des millénaires durant.
J’ai porté
un masque de chaman.
J’ai porté
un masque noir, souple en dentelle. Je l’ai oublié sur une table basse.
J’ai porté
le masque de la mère, avec les enfants ribambelles.
J’ai porté
le masque de la none, les nuits de chagrin.
J’ai porté
le foulard carré, plié en triangle pour cacher mes cheveux. Et comme la bergère,
pour jouer.
Je n’ai
jamais porté de masque de chat.
J’ai porté
le masque de singe. C’était pour du rire. Et je n’aime pas les moqueries.
J’ai porté
le masque blanc, impassible miroir, émotions invisibles.
J’ai porté
le masque posé au clou.
J’ai porté
le masque à gaz avec une petite robe noire et des talons.
Mais je suis
un homme et c’est interdit d’avoir des talons avec des poils aux jambes.
J’ai porté
le masque à gaz dans les tranchées et je suis revenu gueule cassée.
J’ai porté
un masque vert, presque transparent, un laissez-passer pour virus.
Je voudrais
un masque pour ne pas être contaminée par les clients, chaque jour, derrière la
caisse.
J’ai porté
un masque en manif, pour me protéger des pavés volants.
J’ai porté
un masque en manif, pour que fuck la police.
J’ai porté
un masque pour protéger mon identité.
J’ai porté
un masque quand je ne voulais pas être moi.
J’ai porté le
seum, longtemps, d'être né au mauvais endroit au mauvais moment.
Je n’aime
pas les masques, même pour le carnaval. Il fait chaud dedans.
J’aime l’air
libre, et le vent dans les narines.
J’ai porté
le masque des opérations qui nous fait dormir avant la fin de la phrase.
Je porte le
masque avant d’entrer en salle d’op.
Je porte le
masque pour aller au chevet des patients.
Un masque de
survie, un masque de plongée, une bouteille à la mer face au virus indomptable.
Je porte le
masque pour sauver la vie.
J’ai porté
un masque tous les jours pour aller travailler.
J’ai porté
un masque de conventions bien propres sur elle.
J’ai détesté
les masques de clown, peur du rire triste.
J’ai porté
le masque de sorcière. Une vraie.
Bas les
masques, puissants menteurs !
J’ai porté
un masque orange avec des liens violets.
Je porte mon
masque et l’on voit toujours mes piercings.
J’ai cousu
des masques en tissus pour mes voisins. Et un pour ma femme qui va au
marché.
J’ai porté
un masque parce que c’était obligatoire, aujourd’hui mais pas avant, pas pour
aller voter.
J’ai porté
un masque pour vivre.
J’ai porté
un masque pour plonger dans la piscine.
Il y avait
de l’oxygène dans la bouteille et un pull marine.
Je porte un
masque à carnaval, je suis autre, homme ou femme peu importe.
J’ai porté
un masque, acteur de théâtre antique.
J’ai porté
un masque, et il porté ma voix vers la foule.
J’ai porté
un masque pour aller chercher des billets au distributeur.
J’ai porté
un masque FFPP3 parce que l’ex de ma collègue lui en a donné un.
Ma voisine
chinoise m’a déposé un masque sur le pas de ma porte. J’ai 83 ans.
Je n’ai pas
porté de masque. Plus d’usine pour en faire. Un marché libre
concurrence.
Je n’ai pas
porté de masque, et ma famille n’aura que mon urne pour pleurer.
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atelier écriture. Consigne : j'ai porté un masque (au sens figuré) quand (situations professionnelles, amicales, loisirs, etc)