En osier. Avec de la dentelle blanche sur le panier et le couvercle. Ce berceau traine dans ma famille depuis longtemps. Enfin, je crois. Il m’a toujours fasciné. La dentelle revêtait le pouvoir magique des femmes patientes et précises. Elles avaient pris le temps d’apprendre, elles s’étaient entrainées de longues heures sombres pour arriver à cette perfection. Elles savaient être femme. Elles avaient bercé amoureusement de beaux enfants sages qui s’endormaient dans cette coquille d’osier. Les enfants ne pleuraient pas plus fort que des images. Ils sentaient le lait chaud et la fleur d’oranger.
Un jour, ce fut mon tour. J’ai couché mon premier-né dans le berceau d’osier bordé de dentelles blanches. J’avais racheté un petit matelas aux bords arrondis. Ma mère m’avaient transmis les draps qui s’y accordaient avec perfection. Ils étaient brodés de bleus pâles et de roses doux. J’y ai couché mon nouveau-né en lui souhaitant la bienvenue chez nous. Les femmes de l’ancien temps, les bâtisseuses de berceau, allaient le protéger du monde. Il allait pleurer comme une image. Je saurais le comprendre car je l’aime. Je saurais apaiser ses pleurs car je ne suis pas ma mère indifférente.
En osier. Avec des hurlements dedans, tout autour et sur le couvercle. Le premier-né ne cessaient ses pleurs ni dans les bras ni dans le berceau de dentelles blanches. Je pleurais comme une madeleine sans fleur d’oranger. Je ne savais pas. Je le haïssais de manger mon sommeil, mes nefs, ma respiration. Les bâtisseuses étaient absentes. Les bonnes mères étaient aux abonnées loupées. Je ne pouvais pas le penser. C’est trop tard. Il fallait y réfléchir avant. Pourquoi faire des enfants si vous n’êtes pas capable de le supporter ?
Un jour, ce fut mon tour. J’ai appris dans la douleur que les berceaux d’osier étaient des mythes lancés sur le Nil. Aucune mère nourricière ne prendrait le relais de mes peurs. Je ne savais pas traverser les heures sombres. La dentelle n’avait pas de pouvoir magique. Aucun enfant n’était une image avec un petit bonnet blanc sur la tête. Je haïssais le mensonge des ancêtres. J’étais prise au piège de la maternité mythologique. J’étais devenue une Eve comme les autres, un ventre béant de hurlements.
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Atelier écriture : dictionnaire subjectif. Choisissez une lettre, trouvez un mot qui commence par cette lettre, définissez le)