2 septembre 2015

Dimanche débord

Seule sur la plage, je me suis éloignée des autres, de tous les autres. Ils se sont  arrêtés pour faire des châteaux de sables attaqués par la marée montante. Je veux communier avec la mer, me bercer de vent et vivre l'intense au bout des cheveux. Le sable se confond avec la mer qui se confond avec le ciel. L'immense platitude du monde aux seuls reliefs mouvants des nuages et des vagues. Je voudrais être la nature dans sa complétude. Venteuse. Horriblement froide pour juillet. Là-bas les falaises m'attirent, aimants de roches vertes et brunes.

Je marche les pieds dans l'eau, vêtue d'un long trench bleu indigo pour hurler à la mer qu'elle se trompe. Tu devrais être bleue, bleue. Et toi, le ciel, tu devrais être bleu. Et toi, la falaise tu serais lumineuse et blanche. Je marche les pieds dans l'eau et j'aime ce moment tantôt glacé, tantôt tiède. 

Les vagues en d'insatiables rouleaux écumeux et marrons gagnent du terrain. Je m’enivre du bruit, le sol fuit sous mes pieds, le sable se fait la malle aux creux des vagues, le vent souffle en rafale, l'eau retourne à la mer. Tout est mouvement autour de moi. Au cœur des éléments, je suis. Sans prise sur ce mouvement incessant sans cesse renouvelé toujours le même, je suis le plaisir d'être vivante. L'eau, le vent, la terre, la tiédeur se mélangent, se dérobent à moi. Je suis abandonnée aux sensations, à l'espace, aux éléments insaisissables.


A mes pieds les mouettes jouent des vagues, tout en cherchant leur nourriture. Dès que l'eau atteint leurs pattes, elle s'envolent ou reculent comme les enfants sur la plage éventée. Le ciel et la mer sont mêlés. Les nuages et le soleil se répartissent les cieux. Là-bas les falaises m'attirent dans leur brouillard d'eau pâle. A leur sommet, un village lointain est un rêve estompé par les embruns venus de la mer. La lumière est  indécise. Ici la réalité est féérique, l'imaginaire est ancré dans le réel, le sensationnel dans l'ordinaire. La liberté est rivée au sable mouvant.




Éternité
 Ce monde est
Je suis vivante en abondance