24 octobre 2019

Cœur, clown, etc

La vie est un clown
sans y toucher 
un clown de femme
une pop up 
une messagerie de rire
une digitale
pin up qui rue
déboule déroule milles interrogations

Je la regarde
éternuer
il la mouche
claquer des doigts
il arrive 
atermoiement
il soupire
pole dance à l'échelle
il bande

il s'est trompé
le message n'était pas pour moi
je regarde sans y toucher

Je voulais dérouler le tapis rouge
trapèze à plusieurs
l'un après l'autre
s'envoyer dans les airs
sourire à deux mains
frissonner
deux à deux
duo suspendu
retomber sur nos pieds avec grâce
saluer

le clown déboule
tour de piste
ma salive se sèche au fond de la gorge
tour de force
je dois dégager de là
mes larmes se déversent le long de la gorge
le clown rit

au bord de la piste
je regarde les acteurs
les numéros d'artistes
les ballets de cœurs
l'amoureux éconduit
revient dit la clown
mais c'est un autre que j'aime
il revient
quand même
c'est compliqué il dit
au bord de la piste
j'ouvre un message au destinataire perdu
le clown pleure

j'ai pris mon nez à mon cou
sans me retourner
j'ai laisser la piste
les danseurs fous
les échelles et les étoiles
j'ai pris mon cœur à mon cou

19 septembre 2019

De loin en près


Je voulais que tu sois loin
que tu sois plus près encore
je voudrais être à l’intérieur de toi
sans avoir trop chaud
je rêvais d'être en toi
tout en étant moi
sans concession
je te voudrais tout entier
libre
éloigné au vent
libre comme un air de rien
près dans l'ombre
loin pour que je puisse m'étaler tout du long
en travers la nuit
en diagonale de ton âme
tout contre ta peau
sans les bras dessus dessous
personne ne sait
rentre chez toi reste contre moi
rentre chez moi
rentre en moi rentre toi
libre
reviens souvent voir nos matins
pars pour laisser nos nuits
en suspens
envie
pars pour laisser mes nuits dormir
reviens pour lancer l'oreiller par terre
toi seul sait
les petits bruits rassurant de la nuit
les familiers
les grands bruits de nos nuits
les initiés
je voudrais ton odeur matinale
je voudrais que tu sois tout près
que tu sois là après l'aurore
que t'enfuis
que la nuit te ramène
libre


15 septembre 2019

Eteinte

Soudain ce trou
Rien
un écran noir
sans lumière d'espoir
verte clignotante

Fosse d'océan
la mort à la porte
Déjà
elle cherche
quelle sonnette il faudra affronter
quel numéro il faudra trouver
La mère inconnue
les questions aux voisins
les questions des voisins
et quel chemin prendre
elle redoute
les larmes éternelles
le trou
dans la terre
où elle ne sera pas conviée
ce trou-là
où descendent les cœurs de papiers
sous les cigales cinglantes
où elle était survivante
derrière le cri
les façades en soutane
les horreurs en surplis
obscénités en étoles brodées
d'or
pour la gloire du père


                         la lumière verte 
reste silencieuse

10 août 2019

Gîte

Orange suspendue
Jus doux
Vent sur la peau

Chaise blanche
Coussin doux
Soleil frais

Feston bleuté
Armoire laiteuse
Bruissement

Drap blanc
Peau douce
Peau ferme
Soupirs

21 juillet 2019

ET maison


Au détour des routes, le chemin est au passé. Les bas-cotés sont en jachère. Les plantes ont pris leur liberté le long des chicanes. J’ai dit : c’était ici. J’ai tourné le volant. Une barrière posée de traviole bloque l’entrée de l’impasse qui court vers la prison détruite. J’ai tourné le volant. Des herbes folles mangent le bitume que je reconnais. Là ! Des gilles vertes jaillissent de derrière des bosquets sauvageons. Fermées, colossales, elles brisent le ciel. Je ne les connais pas. Elles enferment des bâtiments tout neufs,  rigides et blancs. Je continue tout droit, lentement. Elle est là. Rien à changer. La pelouse est toujours aussi brûlée. Plantés au milieu une balançoire et des fils à linge défient le vide entretenu. La porte est identique. Il dit : vous deviez bien vous amuser dans les arbustes, tout au fond du jardin. J’entendais ma sœur, la petite, l’étrangère, celle qui ne s’est pas mariée. Elle s'est tue. Je ne voulais plus entendre les cris de ma mère, dans l’entrée, juste avant de partir, tous les matins où je n’étais pas absente. Ils m’avaient envoyée loin. Je voudrais que ces cris ne fussent jamais et que les cartables fussent ailleurs. Il aurait fallu que ma chambre fut un havre de paix. Il y eût mes fantasmes secrets et ma première radio, oreille sur le monde. Elle parlait tout bas pour que la mère ne l’entende pas. Parfois, elle poussait la porte de la chambre. Il ne fallait pas qu’elle entende les mots du monde sinon elle disait que c’était le mal. Alors, je tendais l’oreille entre le monde et le silence, entre la mère et ses entrées, le doigt sur le bouton du radio cassette. Il eût le premier amoureux enfermé dans ma chambre, celle à côté de la porte d’entrée qui n’a pas changée. Le portail est neuf. Le jardin est un désert. Il fallait partir. 

Il faisait nuit quand je suis arrivée la première fois. Je laissais un amoureux secret qui ne le savait pas. La mère n’en savait rien non plus. Elle ne voulait rien savoir. Elle ne veut rien savoir de mes amoureux. Elle s'est moqué du premier sur lequel a coulé l'eau des ponts. Elle a ignoré le second, yeux croisés au détour d'une table de communion. Elle n’aimait pas celui-là avant qu’il ne soit mari. Elle en a dit du mal. Elle a dit du mal pour protéger du mal. Elle ne veut pas savoir l'amoureux de ma sœur, celui qui souffre de son absence soudaine. Tout au bord du canal, j’emmenais le fiancé pour regarder le soir qui se couche puisque nous ne couchions pas. De l’autre côté de la rive a poussé un incinérateur. 

J’ai fait demi-tour devant la maison qui n’a pas bougé d’un pouce. Les mauvaises herbes sont sur les trottoirs. Elles tiennent conseil. Là derrière l’arrêt de bus, au fond des bosquets du bord de route, reculés et sordides, deux jeunes hommes mirent leur nudité sous mes yeux. J’avais essayé de le dire à la mère. Ce fut un non fait. Alors je me suis mise à parler beaucoup, pour ne rien dire, pour déblatérer des banalités, les seules qu’on ne peut réfuter avec la bonne parole. J’ai parlé pour plus jamais rien dire. J’ai tourné le dos au chemin. Puis, face à l’abri de bus désaffecté, j’ai dit : c’était chez moi. J’ai tourné à gauche, le long des herbes folles, jusqu’au rond-point tout neuf.

15 juillet 2019

Bouclée

Tout ce qui n'allait pas le portait du patriarche au-dessus de la cheminée
avait vu

Tout ce qui n'a pas été fait les nœuds ouverts les cordes déposées au sol les cris de la voisine qui restent dans le placard

Tout ce qui soufflait au phare de sable aux herbes maquillées aux lunettes effacées aux aires glacières sur les quais

Toute la pluie de l'hiver arrosait un printemps d'ailleurs un mariage dont la mariée s'est enfuie

La mer recale

11 juillet 2019

Prétendant

Que feras-tu quand tu seras grande ?
Je ne tomberai plus amoureuse
Je ne croirai plus au mariage
Ni au lit en blanc

Que feras-tu quand tu seras mère ?
Je ne tomberai plus enceinte
Je ne croirai plus au bonheur
Des enfants donnés

Que feras-tu quand tu seras seule ?
Je ne tomberai plus amoureuse
Je ne croirai plus au couple
Ni au lave-vaisselle

Que feras-tu quand tu seras vieille ?
Je ne tomberai plus amoureuse
Je croirai aux sorcières
Et aux libertés

22 juin 2019

Galanterie

assourdissant silence
deviner
mots sous geste
mais je veux entendre
mots après mots
les battements de ton cœur

tâtonner dans l'osbcur
clair pour toi
à ton rythme
où suis-je
dans ton cœur
ou un peu à côté
ou au bord
ou en losange

où en es-tu
où es-tu

ouvre-moi la porte
la tienne
en plus
de celle de ta maison
de celle de ta voiture
de celle de ta chambre
tiens moi la porte de ton âme

je m'essuyerai
pieds et mains
passé et présent
avant d'entrer
j'y déposerai
trois coquelicots vifs
un papillon de nuit
deux éphémères
et un litre de doux
promis
je reprendrai mon sac
en sortant

s'il te plaît
j'ai besoin
des mots
des tiens
lents
vrais

Nommer

J'entendais mon prénom
Il n'était pas un oubli
ni mon bébé
Il n'était pas un reproche hurler depuis la cuisine
ni sort de ta chambre
Il n'était pas une convocation dans le bureau de la directrice
ni une note sur un carnet
de papier gâché
Il n'était pas une demande risible sous des éléments de langage
ni un chef con

J'entendais mon prénom
Il était l'amour discret
et une bougie
Il était un baiser large
et un lit
Il était la respiration d'un matin
et le sourire
Il était un jardin d'herbes folles
et une chatte
Il était des œufs au plat
et un signe
de la main

28 mai 2019

Les gens heureux n'ont pas d'histoire


impalpable brise sur les draps
sourires dont le son briseraient le sens
mot dont l'écriture dépasse
silences qu'un soupir feraient disparaître
mains frôlées

calme d'une demeure avant la nuit
écouter un rire qui n'est pas le sien
lire un message banal
incroyablement banal
 

20 mai 2019

Seigle

tout est beau
rien à foutre
à l'aune des matins
d'avoir du bonheur plein la peau

seule
au fond du café
un sourire au cœur
des vies ronronnent
bonheur en petites coupures

pain noir
tartine de seigle
même la pluie est riante
que j'aime avec du miel fort

les espaces
les sauts de lit
laissent la place aux émus
qui serpentent du nuage au cœur

Chemise blanche
Nœud papillon noir
Rue luisante de gris doux
Étrange papillon noir sur cou


pluie
ne fait pas tristesse
pain noir
ne fait pas manque
miel
ne fait pas bonheur
ni hirondelle le printemps

la clef est le cœur
disait mon fils d'homme
non sauvage
ni même élagué
ni rendu à sa vie

seule
         respiration
au cœur du brouhaha
sentir bonne fortune

RubiZ
d'argent
Paye ta crêpe
blanc sur gris
sans ardoise

30 avril 2019

Dinosaure

Comment apprivoiser la petite fille toute cassée qui se cache derrière l'aorte ?

Comment lui dire qu'elle peut sortir ? Qu'elle peut regarder les chefs sans se faire dévorer par un thyranausore géant et plein de dents ? Qu'elle n'est pas obligée de parler en réunion ? Que ce sont les grands qui y parlent ?

Elle, elle a le droit de jouer
Dans la cour aux cailloux blancs
Et sous les bancs
Au milieu des feutres de couleur

28 avril 2019

Rêvasseuse

Je suis une rêveuse
Je rêve
Rêvasse

Un jour je serai une poète
Je serai reconnu dans mon métier
(qui n'est pas celui de poètesse)
(mais les métiers disparaissent entre les mains de tisserands arrogants)
(les livres de papiers s'effacent)

Un jour j'aurai abandonné mes écrans
Je ne dépendrai plus ni des autres ni des bleuets
Je n'aurai plus peur d'être seule
Ni qu'il s'en aille
Ni lui ni iels

Un jour j'écrirai une sorte de roman
Un jour il y aura un amour pour moi
Avec une chambre à part
Des rires
Et des mots clairs

Un jour je serai une bonne mère
Sans cris
Tout sera parfait
Avec des produits sains fait maison
Je mangerai bien
Et eux aussi

Je rêve sous ma couette, les  fenêtres lointaines des immeubles font face

Je rêvasse d'un monde meilleur sans lacrymogène ni haine

Je rêve car les femmes ne sont bonnes qu'à rêver (les hommes sont poètes révolutionnaires même les biens)

Je rêvasse en surface
Je rêve de silence
Je suis rêverie

13 avril 2019

Pater familias

la famille ça te colle à la peau
la poisse poisseuse
tu n'as rien choisi
rien dit
rien décidé
rien voulu naître
ni entre les filets de mer épaisse
ni de gluante glaire cervicale
ni sous tes entrailles assourdies
rien ne t'en détache
boulet de forçat
quatrième commandement jusqu'à la quatrième génération
aucune fierté
aucune destinée
     aucune alliance
les arcs en ciels sont interdit par la loi salique
     aucune espérance
elle te colle au cou
pégueuse pécheresse
tu veux t'enfuir
elle te rattrape au col bac
plaqué aux pierres
aiguille souterraine
inconscient ! te crie-t-elle
tu crois pouvoir échapper à la glu ?
inconscient tu avalas le patriarche et la mère Denis
         et la mer est salée
tu en sors poisseux
         trop de sel est la sans marée
tu veux te cacher sous les pins parasols
         l’œil est dans le soleil cru
sans fard
sans tombe jusqu’à la quatrième génération
tu l'as dans la peau
jusqu'au trou

3 avril 2019

Mots d'amour

il faut écrire les mots d'amour
avant qu'ils ne s'en aillent
pour y croire un peu
sous les soleils
avant les climats trop chaud

il faut les écrire
quand les lèvres ont la clef sous la porte
il faut les décrire dans un sourire
sans phrase
c'est un peu tarte les mots sans abricot

il faudrait les dire contre le vent
sous la marée
entre les grains de sable du tapis de voiture
il faudrait les hurler au vent

ils suivent les courants d'air
il jouent le long du mur
le vent les ramène les ailes déployés
ils saisissent les bourrasques 
tout près les uns des autres sans se heurter
il faudrait les soupirer

Je n'ose pas toucher leurs ailes

30 mars 2019

Tout repasse

Au fond du métro les larmes reviennent du pays de passion trop courte trop dense trop arrachée
Au fond de la rétine les larmes déssechent
Tout va bien
Tout va bien redit l'écho en faux

Au fond du lit les larmes prennent leur demeure
Au fond de la couette elles s'échinent à défaire la nuit
Tout va bien
Tout va bien redit l'écho de loin en loin

Au fond des bureaux noirs les larmes se déguisent
Avec des lunettes jaunes ou roses
Tout est bien
Tout est bien dit le patron

Au fond du téléphone les mots se meurent
Au fond de l'écran la lumière est froide
Tout va bien se passer
Tout passe

27 mars 2019

Défaillir

J'ai failli dire je t'aime mais j'ai remis les mots sous papier bulle
Ils ont des coins saillants
Ils ne sont pas rouges
Ils ne sont pas doux
Ils s'attrapent avec du vinaigre perlé

Seule la vulnérabilité les apprivoise


28 février 2019

Quotidien

Sous une serviette beige, près de la poêle à crêpes, tout contre le chambranle de la porte, sur le parquet qui fait grincer la grande armoire, deux assiettes dans le lave-vaisselle, un vieil appareil pour râper les carottes, son bruit de madeleine, des portières ouvertes, des pas sous la pluie, des écharpes gorgées de sable, et deux pas de danse esquissés.

18 février 2019

En gage

Peur édifice de craintes avenir brouillé instant d'un œuf à plat dès que ça cuit doux déjà disparaît l'étranger apprivoisé tueur sans gage

5 janvier 2019

Cœur étirable

Il faudrait poser du film étirable sur le cœur avant de le remettre au frigo. Il ne prendrait pas les odeurs. Il ne s'enflamerait pas au moindre coup de vent marin.  Dans un petit bol de terre cuite, il  resterait propre et sans risque de contamination.

3 janvier 2019

Mots doux

Dis moi les mots doux
Parle de rien
Ta voix berce mon sein
Dis moi les bruits du vent
Et les gazouillis de la rivière

Dans mes poches se sont nichées les larmes des autres, lourdes d'injustices, violentes tempêtes de dépression, abandonnées par les puissants, frappées de misère et de violences conjugales. Ces larmes, certains soirs, je les rends à la terre, impuissante.

Dis moi doux
Rien
Du silence à même la peau
Rien faire
Ta voix clapote indolente légère souple