20 décembre 2015

Exil

Chaque note est la dernière

Soudain le poumon s'emplit de notes noires et expira les blanches
Répétition de dos
Courber les flans
Sans relâche le mouvement du papillon
Ils ne savent pas les absurdes gestes

Toutes les nuits, sans un mot, expire
Tous les oreillers du monde
Toutes les terres sans abri
Tous les souffles du siècle
Ils ne savent pas la mer chavirée

L'oreiller de carton, l'abri de vent, la mer chavirée, ils avancent leurs espoirs


Chaque note est la dernière
La hautaine et la mineure



Place

La route est pavée
Le cadenas sur la grille
Les amours sur le muret
Et toi, tu as les clefs, dis-tu

La façade est carrée
La rue est pavée
La grille est fermée
Et toi, tu reviendras, souffles-tu

A mon cou, je me sauve
Le cœur est fermé
Le cadenas sans clef
La rue résonne
Et toi, tes pas sincères, espères-tu

Chaque pas est le denier
Le muret est tiède
Chaque souffle est entier
La rue s'enlace 
Et nous, nous ferons des âmes, dis-je



12 novembre 2015

1 novembre 2015

Danse des papiers




Quelques lumières encore sur les derniers chargeurs
Les néons sont verts de jalousie. Et tu danses.
Se déhanche ton pantalon noir,
Je voudrais
comme toi
donner la joie
Danse mon amour, danse avec elles

C'est loin ta ville, c'est loin mon désert
Je respirerai chacun de tes courants d'air
Auras-tu la patience de m'apprendre le bout du monde ?

A chaque danseuse, je peux te perdre
A chaque danseuse, je souris       Tu reviens, mon sourire
Profites, mon amour      Profites
Demande ce que tu peux donner     Demande

Danse sans l'assurance que je resterais à bord de ton cœur
Danse, la vie appelle
La sclérose est dans les détails                   Danse
Les aspérités se consument sur la piste
Elle tourne
chacun de ses pas précipite ton bonheur     Et le mien

21 octobre 2015

Quatre

Petit blues
Quatre
Petite note
où va-t-elle
Papillon

Où va-t-elle
La vie
Quatre émois
avant les planches

résine
dessine
décide
résiste

Quatre
Petite fille
Trois hommes
Au boulevard
dit le rêve

perdue sur le ventre

Sept pécheurs
sans ligne
Une liste
et la vie
Encorps



19 septembre 2015

Soupirs



Au bout du fil
Trois mots
Au bout fil
Entre les précipices de la vie
Au bout du fil
Trois mots
Et la vie ne reprend jamais le fil
En arrière

De l’autre côté de l’imaginaire
Toi
J’ai raisonné
J’ai lutté
J’ai transpiré

Le message est au bout fil
Mon corps tremble
Mon esprit frémit
Le message est au pied du mur

2 septembre 2015

Dimanche débord

Seule sur la plage, je me suis éloignée des autres, de tous les autres. Ils se sont  arrêtés pour faire des châteaux de sables attaqués par la marée montante. Je veux communier avec la mer, me bercer de vent et vivre l'intense au bout des cheveux. Le sable se confond avec la mer qui se confond avec le ciel. L'immense platitude du monde aux seuls reliefs mouvants des nuages et des vagues. Je voudrais être la nature dans sa complétude. Venteuse. Horriblement froide pour juillet. Là-bas les falaises m'attirent, aimants de roches vertes et brunes.

Je marche les pieds dans l'eau, vêtue d'un long trench bleu indigo pour hurler à la mer qu'elle se trompe. Tu devrais être bleue, bleue. Et toi, le ciel, tu devrais être bleu. Et toi, la falaise tu serais lumineuse et blanche. Je marche les pieds dans l'eau et j'aime ce moment tantôt glacé, tantôt tiède. 

Les vagues en d'insatiables rouleaux écumeux et marrons gagnent du terrain. Je m’enivre du bruit, le sol fuit sous mes pieds, le sable se fait la malle aux creux des vagues, le vent souffle en rafale, l'eau retourne à la mer. Tout est mouvement autour de moi. Au cœur des éléments, je suis. Sans prise sur ce mouvement incessant sans cesse renouvelé toujours le même, je suis le plaisir d'être vivante. L'eau, le vent, la terre, la tiédeur se mélangent, se dérobent à moi. Je suis abandonnée aux sensations, à l'espace, aux éléments insaisissables.


A mes pieds les mouettes jouent des vagues, tout en cherchant leur nourriture. Dès que l'eau atteint leurs pattes, elle s'envolent ou reculent comme les enfants sur la plage éventée. Le ciel et la mer sont mêlés. Les nuages et le soleil se répartissent les cieux. Là-bas les falaises m'attirent dans leur brouillard d'eau pâle. A leur sommet, un village lointain est un rêve estompé par les embruns venus de la mer. La lumière est  indécise. Ici la réalité est féérique, l'imaginaire est ancré dans le réel, le sensationnel dans l'ordinaire. La liberté est rivée au sable mouvant.




Éternité
 Ce monde est
Je suis vivante en abondance



28 juillet 2015

Matin



Il est silence sous les arbres oiseaux troubles fêtes
Il est silence sur l’herbe fraiche souple fête en souvenir
Il est silence au loin un autre enfant gazouilleur
Il est des libertés sans ambages souples sur l’herbe

Ferme les yeux mon cœur le mariage est fini
Ferme le téléphone la vie ne se capture pas dans un écran
Ouvre les narines aux lys d’orage pimenté
Ouvre le vert franc sous la semelle grise

Une toile beige soupire d’aise
L’herbe est verte dans notre près
Respire la lumière frétillante, jeune feuillure
Inspire la rosée disparue, matin étonné

Les peaux brunes                  Les r qui roulent
Les langues étrangères          Les accents mêlés
Les mains qui parlent            L’inde en anglais
Je veux apprendre le français avec toi
Hier évaporé de rires sur l’herbe foulée

Là-bas l’enfante dort, elle a grandi déjà
Là-bas la sœur dort, elle a grossi maladie
Là-bas la mère, je m’en fiche après tout !
La mère fait sa vie sans moi sans moi sans moi