Louve solitaire, j’arpente vos parquets trop bien ciré et je vous observe sans un mot. Vous ne m'aurez pas dans vos filets. Je louve qui devient singe savant dès qu'elle chausse des talons trop haut et trop rouge, un singe grimaçant, une monnaie que vous vous voudriez échanger contre mon asservissement.
D'une meute à l'autre, j'ouvre les yeux, je fais le guet. Louve cicatrisée craint l'homme blanc, le petit homme blanc, singe savant en costume trois pièces. Il voudrait que sa face soit gravée sur la monnaie, celle qui donne le pouvoir. Il croit avoir dominé le monde alors que le jus de raisin le terrasse. Le silence est mon pouvoir.
L'homme brun craint aussi la louve. Il lui donne des restes de viande froide et putréfiée. Il croit l'amadouer. L'homme brun crie partout qu'il est le plus fort. Il craint de croiser dans les buissons les yeux de louve, ceux qui le débusquent en silence. Il cri au loup ! Partout ! Il tait le nom des louves, ils voudraient les rayer de sa carte. Elles sont à l'affût, elles ne se laisseront pas prendre dans les mâchoires de fer.
La louve ne se voile pas les yeux. Perçants, affûtés, couteaux tiré en silence. Louve cicatrisée.