29 août 2016

J'ai effacé les mots



J'ai effacé les mots : "je t'aime". C'est du café trop fort. Il manque le nuage.
Je voudrais hurler : je t’aime. Au monde. Il manque la folie
C’est là dans un coin
C’est là tout plein en entier sans concession
Je hais le calme bruyant de ton manque
Tu es là entier

Il y aurait ta peau contre la mienne, en silence. Il y aurait ton cœur contre le mien, en distance. Il y aurait le monde qui dirait oui. Il n’y aurait pas de sentence. Il y aurait tous les amours du monde. Et toi aussi. Les nuages danseraient dans les cafés. Le lait coulerait des ruchers. Les fées même seraient assises au salon pour l'instant sans après.

J'ai effacé les mots je t'aime
effacé les guillemets
effacé les mètres
gommé les dieux
Tu as surgi

Il y a ton parfum sur mon col avant que j'aille au turbin. Il y a tes œufs qui grésillent dans la poêle. Il y a l'odeur de pain chaud sur mes doigts. Il y a des sourires dans la cour. Il n'y a rien. Rien que toi.

20 août 2016

Salamandre

(réponse : jusqu'à ce que le sommeil vous sépare)
  Les amours d'été s'arrêtent à quel automne ?
  Le chemin de fer a le mal d'amour. Comment revient-on au pays ?

 Dans la cour même les cigales font silence aux amants
 Les glaces fondent seules au monde en foule d'été
 La lumière du soir caresse les mains données
 Et le sourire fond du cœur

 Là, dans l'instant, je t'aime
 Sait-on jamais si on jouit pour toujours
 Déjà ta peau manque
 Et tes yeux mouvants à s'y enliser
 Doux, dominant, soumis, amoureux, tout

 Sous la trappe, j'ai serré ton corps
 Sous la cuisine, ton silence et le bruit de peaux
 Gémir aux herbes mouillées
 Perdre dans tes yeux le vert jouir
 Tout ça aussi

 D'un coup de train, l'été s'en allé jusqu'au chat écrasé
 (il vaut mieux écraser une framboise, on peut en faire une confiture)
 (à déguster tiède l'hiver)

2 août 2016

Séquence

Silence intime
Souffrance partagée
C'est tout ce qui reste
Mutuel

Paroles au son de quarantaine
Silences qui font lois
Croyances éternelles
Cris sinon
Mots ravalés
Ils disent la liberté, ils disent eux les autres font ainsi, ils disent nous on sait, ils disent la souffrance est sous leurs yeux, ils ont des yeux mais ne peuvent voir, ils parlent encore, ils savent

Pourquoi sans raison
Aucun mot se devrait
Juste celui
Blanc
Muet presque

Pourtant de bonheur l'eau tinte
De soleil les herbes dansent
De joie les cigales chantent
Tout l'été 

Pourtant de bonté il est barque
Toute l'année 

Sortir de la salle en silence
Abasourdis
La belle histoire
La prestance
La vie cette vie-là
C'était beau.
Doux aussi
Dur
La vie cette vie-là
Fin