29 mars 2015

Va je ne te hais point



Vous êtes tous parti dans votre vie
Et moi assise au bord du lit
Vous êtes tous parti marcher à vos rives
Et moi je suis seule face à la sonate

Il faudra pleurer plus loin debout
Derrière les rideaux
Sourire encore aux corbeaux
Et danser nue à même les écorces

Il ne faudra plus trébucher dans l’amour
Derrière les réverbères
Sourire encore aux passants
Et danser dénudée sous l’eau

Il me faudra être libre
Debout assise Élise
Dépendre de moi
Lancer vos amours à la gueule du monde qui gueule de joie impudente, et elle me fera danser, la femme aux ailes fragiles, danser plus fort jusqu’à dieu

Je vous hais d’amour

24 mars 2015

Quelques automobiles

Quelqu’un a réussi - peut-être -
Il chante ce quelqu’un insouciant
Il critique ce quelqu’un qui critique
Quelqu’un quel crétin
Quel crétin sans puissance
Quelqu’un est bête
Quelqu’un aime les bêtes domestiques
Quelqu’un se nomme la bête sans laisse

Ce quelqu’un est sans téléphone
Quelqu’un est libre à bord de la voile tendue
Quelqu’un est à bord de l’autre
L’autre aime quelqu’un pas lui
C’est pas moi, c’est un autre quelqu’un

Quelqu’une est un homme aussi
Quelqu’une, le saint sait
Quelqu’un a une audi
Quelques parents expliquent pourquoi la vie va complexe comme un professeur
Quelqu’un(e) a joui là-bas quelque part ici
Quelqu’une se tait

Quelqu’un au seuil de la maison chante la primevère
Quelqu’un se promène dans les champs en déclamant des vers
Quelqu'un est le voisin
Quelqu’un conduit son chien vers la mangeoire
Dans le rêve quelqu’un arrache le cœur
Quelqu’un conduit sa voiture
Quelqu’un ne conduit pas avec les jeunes filles sans oublier le bébé, il a pris ses clefs, mais c’est quelqu’un qui conduit sans fils conducteur, qui, avec douceur, l’emmène là-bas
Quelqu’un danse la salsa

***
A la manière de Henri Michaux, en 45 minutes

Chant de pétales



Dans le temps qui convient
Les lueurs plaintives appellent
Nos mobiles tremblants

Sur ma peau la vieillesse déjà
-De larmes échouées- recouvre la vie
L’adolescent poursuivant s’envole

Enfante joyeuse de la splendide
passion, sans savoir elle prend pubère,
Deviens femme et chante-nous les pétales déployées au sein fleuri de violettes



***

Compléter les fragments de poésie écrit par la poétesse Sappho. 

Dans le texte précédent les mots en cratères gras sont ceux de Sappho.


10 mars 2015

Méditation



The taste of our meditation
Cette boue me colle à la paupière
A ma chaise enchainée
La ville prend muscle
Fraichement peinte en clair
En un seul mot, me dit-elle


The taste of our meditation
Les jeux inutiles
Ceux des salaires
L’opium poison doux et chaste
Ces murs tous nus
Un seul mot pour en sortir


Our méditation
La harpe martelée des aiguilles
Our méditation
Du fer en tripe
Our médiation
A figer nos gorges
Pas en-deça

Plus un seul mot
Et cette boue qui me colle aux paupières
Pas des plus ouatées
De vos fantômes 
De vos radars
Vécu à profonde saveur
En un mot un seul

De vivoter après ça
De l’œuf à la tombe
C’est ça
Ce taste of our médiation
Un test

Etc.
Les coutures de son ventre
Les rides de la mer
Un mot en un seul
Un bijou d’or cuit
Dont ni perle ni cul
Du bal masqué parmi les comètes
De mon carrosse à six bourriques

Je viens de la mer et des trains qui s’esclaffent

***
Pour cet atelier, les contraintes étaient les suivantes : 

Atelier.Zéro



Le temps à rêver l’ennui 
Yeux sur le détecteur de fumée
Le temps à rêvasser de poésie
Cerveau parti en fumée
Lâcher les moissons 
Et prendre prise sur le vol
Courbes de gausse
De la voisine frisée

Au seuil



Morsure de lucidité
Mais le soleil
                                           Sur les primevères


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